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S. Kolupaila. Le Niémen. Les facteurs du régime

Les facteurs du régime

Relief, nature du sol, boisement. - Le bassin du Niémen est une vaste plaine peu accidentée de collines qui ne dépassent pas en altitudie 234 m. à l'Ouest (sotoimet de Miédvégalis), 320 m. à l'Est au voisinage de Kréwo (Krévé) et 300 m. au Suid-Ouest près de la frontière allemande.
Ce relief peu tourmenté n'empêche pas les talwegs de subir en certains points une inclinaison assez accentuée (quelques dizaines de centimètres par km.). Il ne peut pourtant presque nulle part engendrer un ruissellement très rapide, ni dans les talwegs des vitesses comparables à celles des cours d'eau de montagne, ou simplement de fleuves comme le Rhône à Lyon (3 m. à la seconde5), le Rhin à Bâle (3 m. 60), la Loire à Orléans (2 m. 50 à 2 m. 75). Sur le Niémen, le courant, lofs des plus grandes crues, atteint 2 m. à la seconde à Gařdinas, Alytus, Nemaniuniai, Birstoraas, 1 m. 80 de Kaunas à Smalininkai, 3 m. 50 sur de très courts trajets, aux lieux des rapides.
L'érosion des vallées pénètre parfois jusqu'à la roche en place; notamment la craie est entamée en certains points vers Gardinas, Birstonas et Kaunas. Mais le so] du bassin est presque partout constitué par des dépôts glaciaires d'une grande épais seur. Ces dépôts sont d'ordinaire assez argileux, donc imper méables. Cependant, dans la partie moyenne du bassin, les cailloutis de sandr, le lomg d'une ancienne grande moraine frontale, permettent l'infiltration; de même pour les sables alluviaux du cours inférieur. Dans l'ensemble, l'imperméabilité domine et favorise l'évaporation des pluies d'été, mais aussi un ruissellement actif lors de la fusion nivale printanière.
La topographie et les sols glaciaires expliquent l'existence d'assez nombreux lacs, surtout dans la région des anciennes moraines frontales qui traversent tout le milieu du bassin du Nord-Est au Sud-Ouest, entre Augustowo et Swentziany. Les lacs les plus importants figurent dans la liste ci-dessous.


Tableau I.
Principaux lacs existant dans le bassin du Niémen.

Principaux lacs existant dans le bassin du Niémen.


L'influence régularisatrice des lacs ne se manifeste nettement que dans l'hydrologie de quelques tributaires: Sventoji, Zeiimena, Narutis. Elle est moins évidente роur le Niémen. Les marais, assez étendus, surtout dans les domaines de la Bereza, de la Scera, de la Merky s, de la Nevezys, doivent plutôt contribuer à réduire quelque peu le débit en accroissant le déficit d'écoulement par evaporation.
Au début du xixe siècle, les forêts, semble-t-il, couvraient 40 % de la surface réceptrice. Ce pourcentage a diminué beaucoup; actuellement il dépasse à peine 15 %. Les données comparatives précises qui nous permettraient d'apprécier l'influence de ce déboisement sur le régime nous manquent. Le Niémen a eu de plus grandes crues de 1800 à 1870 que depuis lors. Mais ceci peut provenir du hasard et nous n'aurons pas la légèreté d'attribuer un tel changement favorable à la deforestation. Nous conseillons qu'on adopte la même réserve lorsque, dans un bassin déboisé, les caprices du climat rendent les crues plus nom breuses et plus fortes qu'auparavant.
Facteurs climatiques. - Les hauteurs moyennes des précipitations6, en millimètres, sont définies pair le tableau II.


Tableau II
Précipitations moyennes de 1891 à 1910.


Précipitations moyennes de 1891 à 1910


On constate un régime continental très marqué avec maximum estival et surtout d'août ou de juillet, chutes assez faibles en hiver. Mais le régime saisonnier du cours d'eau, on le verra, dépend bien plus de la rétention, puis de la fusion nivales et de l'évaporation que de cette distribution pluviale. La lame d'eau annuelle moyenne (600 mm.) est inférieure à celle qui alimente la Seine, comparable à celle qui nourrit l'Oder ou la Vistule. Nulle part le bassin ne reçoit de grosses précipitations an nuelles.
Quant aux températures moyennes de l'air, à diverses stations7, elles ont été les suivantes, de 1886 à 1910 (tableau III).


Tableau III.
Températures moyennes (1886-1910).

Températures moyennes (1886-1910)


Ces chiffres révèlent des étés assez chauds pour engendrer unie evaporation active, puis des froids hivernaux très vifs, surtout au Sud-Est. Il en résulte en moyenne trois ou quatre mois de gel et la rétention d'une fraction importante des pluies hivernales sous forme de neige (120 mm. à peu près, soit un cinquième des chutes annuelles).


5Ces chiffres s'appliquent à la vitesse moyenne du courant dans l'ensemble d'une section mouillée ; à Lyon, les maxima superficiels peuvent atteindre 4 m. u la seconde.
бD'après St. Kosinska-Bartnicka, Les précipitations en Pologne (hauteur, fréquence et caractère climatique). Varsovie, 1927.
7Pour ces questions climatiques, voir :
Packstas (K.), Le climat de la Lithuanie. Klaipeda, 1926.
Gorczynski (W.) et Kosinska (S.), Température de l'air en Pologne. Varsovie, 1916.
Guminski (K.), L'humidité de l'air en Pologne. Varsovie, 1927.

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